C’est un no man’s land planté au milieu d’une garrigue sèche, rase et aride rongée par le pin. Du caillou partout, du soleil et du vent, rien de plus… Un milieu que même les chèvres n’aimeraient pas. Ah si, en fait, du moins des brebis, oui, là, tout un lot, qui broute entre les ceps. « Elles tondent, apportent leur fumure et travaillent le sol, explique Agnès Armand, du Mas d’Espanet, un domaine installé à Saint-Mamert-du-Gard au nord-ouest de Nîmes. Ce sont de vraies alliées dans cette combe fertile où l’influence cévenole apporte des pluies plus fréquentes et où les sécheresses sont moins marquées qu’ailleurs. » Ici la terre est travaillée et retravaillée en bio depuis plus de quarante ans et, depuis 2008, en biodynamie sous mention Demeter.

« Pendant des années, on nous a pris pour des fous, des ésotériques, avec nos cornes de bouses et nos pratiques en phase avec la lune, sourit la vigneronne toujours entourée de ses trois chiens (sa bande à borders !), mais notre approche semble avoir fait école et nous sommes aujourd’hui cinq domaines en biodynamie dans la plaine de Robiac. » Ensemble, ils ont monté un collectif pour grouper les commandes et fabriquer des « préparats » (purins, composts et engrais naturels de la biodynamie). Un écosystème où l’humain a toute sa place et où les vins vivants s’épanouissent, entre autres, dans des amphores rapportées de Grèce. Pour les blancs, compter au moins une quinzaine de cépages au Mas d’Espanet : chenin, petit manseng, riesling, picpoul, roussanne et autres viogniers… Jusqu’à la lie, une sacrée palette de biodiversité.