Le poulpe star de la rouille graulenne
par Maeva Sanchez
Cuisinée avec du poulpe, des pommes de terre et de l’aïoli, la rouille graulenne s’est imposée dans la cité maritime gardoise. De plat modeste au plat de fête, partons à la découverte de cette recette si unique.
Lorsque l’on parle de rouille, nous pensons traditionnellement à la sauce, ce dérivé pimenté de l’aïoli, née durant l’Empire romain sans doute en Égypte antique. Cette rouille, tartinée sur du pain grillé ou mélangée à nos soupes de poissons se consomme également sous forme de plats à Sète ou au Grau du Roi. Encore une joute entre nos 2 départements ? Non, juste une histoire de sensibilité. Aux calamars et autres encornets préférés par nos cousins héraultais, la recette gardoise privilégie le poulpe. Pour son intelligence bien entendu, mais surtout pour son goût plus puissant et plus iodé que ses comparses à tentacules. Cette recette originale, la cité maritime gardoise la tient de l’inventivité ou plutôt de la nécessité des familles des pêcheurs graulens. La pêche étant la ressource économique principale de la ville au XIXème siècle, les plus modestes devaient se contenter de pièces de second choix comme le poulpe. Cette petite histoire nous rappelle celle, plus fameuse, de la bouillabaisse :emblème culinaire de la cité phocéenne, qui était à l’origine une soupe du pauvre, réalisée à partir des poissons de roche invendus et consommée avec… de la rouille.
Avec le temps, le poulpe a séduit de nouveaux publics et la rouille graulenne est devenue un incontournable de la cuisine de la cité et des territoires environs où elle est également appelée « aïoli camarguaise ».
Consommée aussi bien chaude en hiver, qu’en salade froide l’été, les connaisseurs recommandent de congeler le poulpe 48 heures avant de le cuisiner pour rendre sa chair plus tendre lors de la dégustation. Jean-Philippe Creiche, traiteur emblématique du Grau-du-Roi, le confirme : « Cette rouille est unique. Je la prépare lors des manifestations de la ville, notamment pendant les Graulinades pour des tablées allant jusqu’à 600 personnes !».
Il n’est pas étonnant de voir arriver les amateurs, curieux et touristes chaque année lors de ces journées mettant en avant la culture de la ville, pour découvrir ou redécouvrir cette spécialité si gardoise.
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