En Costières, l’amande est aussi fruit de la passion
par Agathe Beaudouin | photographie Thomas Heydon
“C’est en plein cœur des Costières-de-Nîmes, et en toute discrétion, que Jean-Benoît Isnard s’est spécialisé dans une production singulière : l’amande”
À l’aveugle, Michel Kayser** a eu un coup de cœur pour la Mandaline, une variété d’amande dont le croquant et la subtile amertume ont convaincu le chef doublement étoilé d’en faire un ingrédient indissociable de ses desserts.
Outre ses qualités gustatives, cet oléagineux présente la particularité de pousser à quelques kilomètres de son restaurant de Garons. C’est dans le village de Vestric et-Candiac, quelque part entre Aubord et Uchaud, que Jean-Benoît Isnard, jusqu’ici ingénieur spécialisé dans l’irrigation, s’est lancé en 2018 le défi de la création d’exploitation agricole. Le jeune Gardois – il a alors 35 ans – imagine une production qui peut marier vie professionnelle et vie familiale, mais aussi une culture qui se démarque en Costières. Très vite, l’amande devient une évidence. Passionné depuis gamin par le travail de la terre, le producteur se lance à 100% dans sa nouvelle activité. « Celles que nous consommons en France proviennent en grande majorité de supers productions de Californie, d’Espagne et d’Australie », explique celui qui a décelé, dans le Gard, un climat idéal pour ce fruit à coque.
Le Petit Poucet de l’amande gère seul 7 hectares dont la production finale est essentiellement destinée à « des meilleurs ouvriers de France, de grands chefs, et des artisans nougatiers ». Il collabore avec la coopérative de Garons, Sud Amande, pour le travail de cassage. Hyper modeste, détestant être « mis en avant », le néo-agriculteur, véritable artisan de l’amande, conserve un enthousiasme intact, trop heureux d’avoir poursuivi l’histoire agricole familiale. Ses parents Jean-Marie et Laurence, alias Lolo, étaient horticulteurs spécialisés dans les géraniums. Il ne tarit pas non plus d’éloge pour Ange Toggnaccini, son grand-père agriculteur, sans qui « rien de tout cela n’existerait », affirme-t-il devant les amandiers en fleurs du mois de mars.
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