Étienne Carrère, fine fleur d’apiculteur
Par Guillaume Mollaret | Photographies Thomas Heydon
Installé à Parignargues, cet éleveur d’abeilles travaille des miels de garrigue, de Camargue et de châtaignier qu’il propose notamment sur le marché du samedi à Uzès.
Ce n’est pas parce que c’est déjà fait qu’il ne faut rien faire… Le métier d’apiculteur a ceci de particulier que ses ouvrières ne comptent pas leurs heures. Encore faut-il les placer à bon poste ! «Pour qu’une ruche nous donne le meilleur d’elle-même, il faut d’abord bien élever les abeilles en période d’hivernage afin qu’elles soient prêtes à l’heure de la floraison», explique Étienne Carrère. Installé à Parignargues, entre Nîmes et Saint-Mamert, cet apiculteur de 43 ans élève plus d’un million d’abeilles réparties sur 400 ruches.
Installées à proximité de châtaigniers, d’acacias, de lavandes, elles puisent dans tout ce que la Camargue et le piémont cévenol ont à offrir en matière de fleurs et de miellat, cette sécrétion animale qui donne à la production fournie par les abeilles une teinte ambrée et un goût sucré. «Le choix du terrain est capital. Pourtant, d’une année sur l’autre, en fonction des pluies ou des chaleurs, le goût d’un miel n’est jamais exactement le même», détaille le producteur dont l’élevage se nomme La Reine et le Loup. Au gré des floraisons, les ruches sont déplacées.
La récolte de miel d’acacia précède celle de châtaignier, à laquelle succède la lavande, puis toutes les fleurs parmi lesquelles le melon (oui, les abeilles butinent leurs fleurs), dans le cycle immuable des saisons. Chaque ruche peut ainsi chaque année produire plusieurs dizaines de kilos de miel. «Son temps de fabrication du miel peut durer de dix jours à trois semaines en fonction de ce qui est butiné», détaille Étienne Carrère qui effectue ses prélèvements sans toucher au nectar produit à l’intérieur même de la ruche. «Je ne récolte que le miel produit dans des cadres, nommés rehausses, que je positionne au-dessus du lieu de vie et de travail des abeilles car à mon sens la production élaborée par les ouvrières à l’intérieur de la ruche constitue la réserve de vie dont la communauté a besoin. Hors de question de le leur prendre», poursuit l’apiculteur dont le travail séduit le chef du Skab Damien Sanchez. «Au-delà des desserts, j’aime utiliser son miel dans des jus de viande. Je l’ai également travaillé avec des poires pochées miel/safran… Sa production se marie très bien avec le canard par exemple, ou même du foie gras. Avec le miel d’Étienne, il faut se montrer vif. Pour conserver toutes les qualités gustatives et nutritives du miel, on ne peut se permettre de trop le chauffer», relève le chef.
“Pour conserver toutes les qualités gustatives et nutritives du miel, on ne peut se permettre de trop le chauffer.”
Pour Étienne Carrère, le métier d’apiculteur ne se limite pas à la production de miel. Éleveur, il approvisionne certains confrères en essaims. Et à l’heure où fleurissent amandiers, cerisiers et abricotiers, les arboriculteurs louent les services de ses abeilles afin qu’elles pollinisent leurs arbres. Ils pourront d’autant mieux se charger de fruits que les ouvrières seront intervenues au bout leurs branches. Tout à leur tâche au printemps, elles n’ont pas vraiment le temps d’avoir le bourdon.
La Reine et Le Loup
177 Rte de Saint-Mamert à Parignargues
Tel. 06 78 95 91 28
NB : Miel disponible en vente directe, et sur le marché d’Uzès le samedi.
Partager