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À Nîmes, les Bastide ont trouvé du grain à moudre

A Nîmes les Bastide ont trouvé du grain à moudre

Par Agathe Beaudouin | Photographie Thomas Heydon

À la sortie de Nîmes, Marc et Rémi Bastide produisent des céréales et les transforment, de manière artisanale, en farines. En réinventant leur pratique agricole, ils agissent aussi pour le maintien des paysages alimentaires.

À deux pas de leur petite boutique où, sur les étagères, se succèdent des sacs de farines en tout genre, Marc Bastide, 65 ans, et son fils Rémi, 34 ans, l’affirment d’entrée : sans le tournant pris il y a quasiment dix ans sur leur exploitation, ils ne seraient peut-être plus là, au Mas Petit. Ici, sur ces terres familiales depuis cinq générations qui jouxtent le domaine de la Bastide au sud de Nîmes, les Bastide ont réinventé leur métier.

« J’ai toujours réfléchi à la manière d’apporter une valeur ajoutée à nos produits », explique Marc Bastide, qui reprend les terres de ses grands-parents en 1985, tout en confiant avoir vécu des années « parfois difficiles ». Il débute par la culture de céréales, puis la production de semences potagères. Il choisit aussi de se spécialiser dans la production d’alimentations animales, foin et paille. En 2017, quand son fiston rejoint l’aventure, les deux hommes se mettent en quête d’une nouvelle activité. « Nous cultivions déjà des céréales. Nous nous sommes alors dit : pourquoi ne pas aller plus loin dans la transformation pour en faire des farines », explique Marc Bastide, qui insiste : « Nous voulions produire une farine de manière artisanale, comme ce qui se faisait avant l’ère industrielle. »

En 2019, Marc et Rémi acquièrent leur premier moulin à meule de pierre (du granit). Les premiers tests sont prometteurs. La même année ouvre, à quelques champs de là, le Mas des Agriculteurs à Nîmes, où sont vendues leurs farines sous la marque Nim’Grain. « Cela a été, et cela reste une sacrée vitrine », confient les deux hommes. Avec l’apparition du Covid quelques mois plus tard, débute pour Nim’Grain une phase de croissance inattendue. « Nous avons été débordés. Les gens venaient chercher leurs farines. Le volume de vente a été multiplié par quatre », confient les deux agriculteurs, qui finiront par investir dans deux nouveaux moulins, toujours à meule, pour conserver leur démarche artisanale. Le fils poursuit : « Sans cette transition, je n’aurais pas pu reprendre l’exploitation. Cela a permis de consolider la transmission. »

A Nîmes les Bastide ont trouvé du grain à moudre

Marc et Rémi se découvrent aussi une passion : « Celle de pouvoir transformer une matière première en de multiples versions. Avec un même grain de blé, on obtient de la farine, du couscous, et du boulghour, qui permettent de nourrir quelles que soient les cultures et habitudes alimentaires », observe Marc Bastide, fier de répondre aux demandes d’une clientèle cosmopolite. Cette passion se retrouve en rayons : farine de blé, de maïs, d’épeautre, d’orge… Nim’Grain s’est aussi lancé dans les légumineuses (farines de pois chiches, de lentilles), dans la production de pâtes et s’est fait un nom auprès des particuliers comme des restaurateurs. Le chef Damien Sanchez (Restaurant Skab) est un inconditionnel ; Vincent Croizard aussi.

En cultivant autour de Nîmes sur 115 hectares (avec un salarié et un alternant) en agriculture raisonnée (label Haute valeur environnementale), Marc et Rémi Bastide participent au maintien des paysages alimentaires, et développent le circuit court auquel ils sont attachés. « Cultiver pour nourrir localement », reprend Marc, c’est l’essence même de leur vocation agricole.

Nim’Grain 
Mas Petit, 1742 Route de Générac, Nîmes
Ouvert le mardi, mercredi et vendredi 8h à 12h et de 14h à 18h.
Samedi de 8h à 12h.

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