Le Domaine de Panéry cultive sa différence au croisement de la Provence et du Languedoc
Par Guillaume Mollaret | Photographie Thomas Heydon
Racheté en 2017 par Jacqueline et Olivier Ginon, ce terroir de 500 hectares se divise entre vignes, oliveraie, truffière et chasse privée. Une culture soutenue par la création d’une offre de restauration et d’hôtellerie haut-degamme.
Ce n’est pas tout à fait un mariage. Pas tout à fait un choc des cultures non plus. Au détour des virages menant de la route d’Uzès vers le Domaine de Panéry, tantôt à droite, tantôt à gauche du chemin, vignes et oliviers se partagent les abords d’une terre étendue en contrebas du village de Pouzilhac. Vallonné, ondulant, le terroir est dominé par une Madone, érigée ici à la fin du XIXe afin d’invoquer une protection contre le phylloxera – une maladie de la vigne qui ravagea à l’époque tous les ceps de France. « Contre l’oïdium, le rot brun, et le mildiou, nous aurions bien eu besoin d’une seconde Madone cette année », ironise Arnaud Warnery, le directeur technique des lieux, dont la production 2024, entièrement cultivée en bio, sera marquée, comme dans de trop nombreuses exploitations, du sceau de la faible récolte.
« Ce qui se trouve en cuve sera de grande qualité mais les pluies régulières de l’été ont favorisé le développement de maladies très néfastes au rendement », commente Carole Mazoyer, responsable commerciale du domaine racheté par Jacqueline et Olivier Ginon, par ailleurs patron de GL Events ; une société à qui l’on doit 70% des installations temporaires installées lors des Jeux Olympiques Paris 2024.
Produisant un vin AOP Duché d’Uzès, techniquement classé en Languedoc, et un AOP Côtes du Rhône, ainsi que des IGP Cévennes, Pont du Gard et Pays d’Oc, le Domaine de Panéry se caractérise par une double identité, à la fois provençale et languedocienne. Si le débat n’intéresse que les spécialistes, il dit quelque chose du positionnement géographique d’une propriété, par ailleurs partagée entre deux terroirs composés de sols argileux et de calcaires.
“La vocation première du lieu doit rester agricole”
La culture de l’olive, bio elle aussi, sur 130 hectares (!) contribue à tisser ce lien entre le Languedoc et la Provence, deux territoires que le Rhône sépare surtout dans les têtes. La fusion entre ces deux « régions » ne saurait se réaliser pleinement ailleurs qu’en cuisine. Raison pour laquelle, depuis 2022, le Domaine de Panéry dispose de sa propre offre d’hôtellerie et de restauration, et d’un espace dédié aux séminaires.
« La vocation première du lieu doit rester agricole. En proposant un parcours oenotouristique ainsi que des lits et le couvert, nous souhaitons aussi promouvoir une forme d’art de vivre pour que les invités se sentent un peu comme chez eux », défend Jacqueline Ginon, qui porte l’ambition du domaine. L’installation d’une galerie d’art contemporain Ceysson et Bénétière, où les œuvres à la vente côtoient la collection privée des Ginon, participe de cette atmosphère faite d’ouverture sur le monde et de sentiment protecteur. Quelque part au milieu des vignes, une Madone veille à ce précieux équilibre…
Domaine de Panéry
Route d’Uzès à Pouzilhac
Ouverte du lundi au dimanche de 10h à 19h.
Restaurant ouvert midi/soir du mercredi au samedi et dimanche midi, de septembre à avril. Ouvert 7/7 en été.
Espace séminaire ouvert toute l’année, hors été.
Vin de 9 à 20€.
Huile d’olive monovariétale : 11,50€ (50 cl)
Tel. 04 66 37 04 44