Des abeilles bien à l’abri dans leurs ruches-tronc
Textes et photos Julien Claudel
À la ville, il est chef de police municipale. Mais en Cévennes, il redevient l’apiculteur passionné qu’il est depuis tout gamin. Drôle d’hybridation pour Stéphane Libéri, l’homme qui a ressuscité la tradition du rucher taillé dans le châtaignier, à Arrigas.
Son combat pour les abeilles lui a valu la Légion d’honneur. « Quand le ministre lui-même m’a appelé un matin pour me l’annoncer, j’ai d’abord cru à une plaisanterie et je l’ai envoyé sur les roses. C’était pourtant bien vrai ! », se souvient l’apiculteur Stéphane Libéri. Également distingué de l’ordre national du
Mérite agricole, celui qui à la ville revêt l’uniforme de policier fut l’un des organisateurs à Montpellier du 41ème congrès Apimondia, le sommet mondial de l’apiculture. C’était en 2009, une époque qui le vit côtoyer l’ancien président de région Georges Frêche et son vice-président Damien Alary avec lesquels il s’envola ensuite en Australie dans une de ces délégations à l’international du Conseil régional… Cette même année, dans l’ancienne étable du Grand champ qu’il a réhabilitée dans la vallée de Peyraube, un bout de bout du monde niché au-dessus du Vigan, commune d’Arrigas, l’ancien président des apiculteurs du Languedoc décide de renouer avec une tradition perdue dans les méandres de l’histoire des fermes cévenoles : la ruche-tronc, c’est-à-dire une forme primitive de l’apiculture, qui consistait à installer une colonie d’abeilles dans le creux d’un tronc de châtaignier, évidé à sa gouge et recouvert d’une lourde dalle de schiste ou de granit.
Patiemment confectionné par les abeilles noires historiquement implantées dans les vallées et sur les causses, le miel de ces ruchers non transhumants a constitué durant des siècles la seule source de sucre dans les foyers. Aujourd’hui, avec 22 ruches alignées le long d’un muret de pierres sèches, le chef de la police municipale de Poulx produit un miel d’exception issu des châtaigniers et des fleurs sauvages de montagne. Pressé et non centrifugé, ce nectar ressemble en tout point à celui qu’on consommait au Moyen-Âge. Produit dans des quantités ultra-confidentielles, il vaut au rucher-tronc d’Arrigas d’être l’un des endroits les plus visités à la belle saison. « La chaîne Arte m’a consacré il y a quelques années un documentaire parmi les 15 plus beaux ruchers du monde, et la semaine dernière j’ai reçu une équipe de la télévision publique britannique », s’enthousiasme ce passionné, toujours impressionné de l’engouement suscité par le rucher-tronc.
La ruche-tronc d’Arrigas
étable du Grand champ, route de Peyraube, Arrigas.
Tél. 06 08 30 55 05
À environ 1h40 de Nîmes et 20 minutes du Vigan.
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